Marges, rentabilités et situations financières
Les analyses portent sur les activités, les marges, les rentabilités et les situations financières des pharmacies d’officines¹.
Depuis deux ans la profession est impactée par la crise sanitaire avec, en particulier, une activité tirée par la politique de tests.
Ainsi les titulaires et leurs équipes, certes fatigués, ont fait face de manière extraordinaire à une évolution constamment changeante des besoins depuis mars 2020. Résultats : Les chiffres d’affaires sont en hausse, la marge globale et la rentabilité en valeur sont « hors normes », mais avec des situations individuelles hétérogènes.
La situation financière des pharmacies est renforcée en raison des résultats exceptionnels, non encore prélevés ou conservés par prudence.
Activité et marge en hausse
L’activité² est « boostée » d’abord par les ventes de masques et de gels, la vaccination anti Covid et les tests antigéniques surtout en fin d’année (ce sont les pharmacies qui ont eu les moyens humains et matériels, indépendamment du niveau de leur chiffre d’affaires, qui se sont portés sur ces marchés d’opportunités). Elle est ensuite impactée par le poids toujours grandissant des produits chers (PFHT > 150 € HT) et très chers (PFHT > à 1930 € HT).
Les ventes 5.5 % sont en hausse (masques).
La progression globale cache le tassement de certaines activités « traditionnelles » (10 %, vaccin antigrippal en 2021, certains médicaments, …).
Les autres produits liés à l’activité restent à un niveau appréciable.
La marge, qu’elle soit exprimée en pourcentage du chiffre d’affaires ou en valeur, est à un niveau jamais atteint.
Hausse des frais de personnel avec une envolée des primes
Les frais de personnel (années civiles 2021 par rapport à 2020) sont en hausse en valeur de 6.51 % (primes, CDD et heures supplémentaires) et absorbent 35,58 % de la marge.
Les titulaires ont eu recours quasi systématiquement à la prime PEPA, non soumise à charges sociales, surtout en fin d’année.
La marge dégagée par personne (dont titulaire équivalent temps plein, mais hors apprentis) a naturellement bondi en 2021 :
Augmentation de la rentabilité
La hausse de la marge alliée à la maitrise des charges d’exploitation conduisent à une augmentation spectaculaire de la rentabilité (mesurée par la PCG – Performance Commerciale et de Gestion³).
Du côté financier
Le fonds de roulement moyen représente 11 % du chiffre d’affaires. Les structures bilancielles sont naturellement plus solides. Le ratio d’autonomie financière se renforce sensiblement.
Le BFR (Besoin en Fonds de Roulement) évolue peu (il représente 1,32 % du chiffre d’affaires en 2021). Les stocks et les créances couvrent ainsi les dettes d’exploitation (fournisseurs et autres).
En conséquence, la trésorerie globale moyenne représente près de 10 % du chiffre d’affaires, en progression sensible.
Conclusion
En définitive les indicateurs commerciaux, de rentabilité et financiers, sont au vert.
Sans l’effet COVID la rentabilité des officines aurait vraisemblablement peu évoluée, dans la lignée des observations des années précédentes.
La profession, tel un grand sportif, est sous endorphine. Le retour à une situation plus « normale » aura des impacts psychologiques et financiers qu’il convient d’anticiper. Le savoir, c’est déjà s’y préparer !
¹ : 152 officines « traditionnelles » déployant un volume d’activité moyen supérieur à l’ensemble de la profession. Les pharmacies « atypiques » sont exclues du panel (notamment celles ayant opéré un regroupement ou rachat de licence sur les périodes observées). Les données sont issues des systèmes d’exploitation des pharmacies en 2021, des comptabilités pour l’analyse des marges et des données sociales de l’année civile 2021.
² Le « chiffre d’affaires » est celui dégagé au comptoir intégrant l’ensemble des activités remboursables et non remboursables. Les coopérations commerciales sur les génériques, présentées en « prestations » dans les comptes des pharmacies, sont appréhendées en diminution des achats. Enfin, les activités accessoires non facturés par les LGO (ROSP, gardes, subventions, …) sont reprises en « autres produits liés à l’activité ».
³ L’approche par la PCG (ou EBE avant rémunérations et charges des titulaires) permet de suivre l’évolution de la rentabilité des pharmacies dont les modes d’exercice sont variés (à la différence de l’EBE fournissant, pour des raisons techniques, une tendance erronée des achats). Enfin, les activités accessoires non facturés par les LGO (ROSP, gardes, subventions, …) sont reprises en « autres produits liés à l’activité ».